La Traversée
Concours 2019
(Textes rangés par ordre alphabétique selon le nom de l'auteur)
Le boyau des temps
Jamais Germinal n’avait vu quelque chose de noir aussi noir. Le trou béant, tel une mâchoire sans dent, semblait attendre, la tête vers le haut et le cou tordu, qu’une quelconque âme vienne y trouver refuge pour s’y faire dévorer. Germinal détourna ses yeux du vide et fixa son ami Martin. Celui-ci hocha la tête, la mine grave, comme celle que prennent les adultes quand il est de coutume de dire ou de faire un truc d’adulte.
Par Elsa Falcoz
Un trajet simple
C’était un trajet tout ce qu’il y avait de plus ordinaire. Je rentrais chez moi à vélo après une journée de travail. En cette période d’hiver la nuit tombait vite, et alors que la soirée était à peine entamée, je roulais dans le noir complet. J’avais commencé ma journée en livrant des colis au volant d’une camionnette et je la finissais à vélo. Jour après jour, je m’étais fait à l’ironie de cette situation.
Par Corentin Macé
Un seul être
Ce désert ne semblait ni sable, ni sel, ni glace. En réalité, même son existence portait à controverse. Il constituait une absence, un vide, un manque. Chacun se forge ses propres déserts, intérieurs ou extérieurs. Déserts de gens, d’argent, d’idées, d’éthique, d’amis, d’amour. On peut s’y exiler de plein gré, ou s’y retrouver par hasard. On peut les rechercher, ou les maudire. Peu importe.